Les Invisibles

« A ceux qu’on ne voit pas, n’entend pas, les invisibles d’ici et d’ailleurs.
A ceux qui traversent, arrivent, respirent.
A ceux qui ne sont plus.
A ceux qui sont là. »

C’est un voyage collectif où 20 individus vont tenter leur chance.
Se dévoiler, se risquer à donner corps à leurs rêves d’ailleurs.
A l’aube, seuls face aux éléments.
Une énergie collective afflue, un raz-de-marée, chargé d’électricité, pour affronter les peurs.
Pour aller vers le jour, ils se tiendront face à nous,
Les sens en alerte, le ventre pour unique boussole, ils vont devoir tracer leur route.
Il n’y a pas d’alternative, juste une tentative.
Une communauté prend vie dans l’ombre, s’emballe, tente, hésite, fait corps.
Ils ne ressortiront pas indemnes.

« Cette pièce est dédiée à ceux qu’on n’oublie, à ceux que j’avais oubliés, à ceux que j’oublierai encore : ces hommes et ces femmes, nombreux, apprêtés dans leurs costumes et robes un peu passés, dans leurs mocassins vernis mais sans chaussettes, qu’on ne voit pas.

Je voulais qu’ils se montrent, qu’on les voie, je voulais les raconter : chacun et tous à la fois.

Parce que quand ils sont tous, on voit chacun.

Il est donc question du flux/de l’énergie de l’autre, des autres, du collectif qui se forme et nous rend plus fort mais pourtant nous laisse exister en tant qu’individu.

Dans le travail avec les amateurs, il y a toujours cette notion de groupe qui doit prendre pour libérer un lâcher-prise, pour nourrir l’effort commun. C’est un processus essentiel pour ma part, cette mise en confiance, cette entre-aide à insuffler. C’est cette émulation qui révèle les individus, leurs singularités tout en faisant corps avec l’autre, les autres. Comme s’ils étaient solidaires les uns des autres pour aller au bout de cette aventure et assumer un corps, une voix, une vie.

L’enjeu ici n’est pas la performance technique, le bel unisson mais bien l’énergie du collectif/groupe, l’expérience partagée quand on n’a plus rien à perdre, et rien à prouver.

L’œuvre de Romain Dubois est venue me cueillir à cet endroit, comme un appel d’air, une montée en puissance à la fois lente et implacable…qui nous permet de regarder les choses se construire devant nous. Il était évident que cette partition musicale grandiose ne me laisserait pas m’égarer mais me porterait dans ce projet d’écriture ambitieux et surtout sublimerait ce dont je voulais traiter : amener des individus, un groupe d’amateurs de 24 personnes, à travers une écriture chorégraphique à transcender une forme de témoignage. » Mélisa Noël